Quelques réalisations marquantes

Améliorations depuis 1880 (intervenues sans doute de 1880 à 1884)

Les dirigeants ont toujours manifesté une attention particulière aux nouveautés susceptibles d’apporter des améliorations dans différents domaines :

– Grâce à l’énergie hydraulique, Chavaignac avait à demeure une batteuse, en état de fonctionner toute l’année,

– C’est encore grâce à cette énergie, qu’en 1907 la ferme produit son propre courant électrique, permettant des travaux divers ainsi que l’éclairage, dès le lever des élèves.

– 14-18 avait amené son lot de rééducations, mais dans un rapport de 1919 P. de Bruchard écrit :

… Il avait à sa tête un gestionnaire qui n’a pas compris son rôle…et les jeunes gens n’avaient de goût que pour le travail de l’étude.

Aussi le gestionnaire ayant quitté l’établissement, l’expérience n’est pas reconduite, P. de Bruchard estimant que les Pâquerettes n’avaient pas réellement présenté le caractère d’un centre de rééducation.

-malgré un emploi du temps des plus contraignant, la photo nous montre que le rugby n’était pas un inconnu à Chavaignac.

Equipe de rugby

Equipe de rugby

Les travaux entrepris par la ferme-école de Chavaignac dès 1848 se poursuivent jusqu’en 1923. Parmi les nombreuses activités (souvent expérimentales) nous choisissons de vous présenter :

1) un établissement piscicole alliant théorie et pratique,

2) un procédé de sélection de semence par immersion,

3) une pratique de conduite des machines agricoles (destinée aux agriculteurs),

4) des conférences dans le département.

 

I) Chavaignac au 1er rang des établissements piscicoles (création en 1879)

31.12.1882 : rapport du Directeur de la ferme-école de Chavaignac au Préfet de la Haute-Vienne

….A partir de cette année, la ferme-école augmentera son programme théorique et pratique de la pisciculture, Monsieur l’Inspecteur Général de la pisciculture Chabot-Karlen, ayant fait classer Chavaignac au 1er rang des 4 principaux établissements de ce genre ; aussi sommes-nous occupés à construire des bassins et un laboratoire. Dès le mois de septembre prochain, nous serons à même de faire des fécondations de salmonidés.

La production était cependant insuffisante. Aussi des achats étaient-ils effectués comme l’indique la carte suivante, permettant d’en assurer le complément. On notera l’acheminement par le chemin de fer jusqu’à la gare de La Boisserie (appelée plus tard Peyrilhac-Saint-Jouvent).

– de Bavière, elle recevait : saumons du Rhin, ombles chevalier, truites de rivière.

– de l’Isère, Miribel-les-échelles : truites saumonées.

– le Cantal, lac de Saint-Front : truites.

Carte de la provenance des achats

Carte de la provenance des achats

Dans son rapport au préfet de 1887, sur le fonctionnement de la ferme-école, M. de Bruchard écrit :

(…)les cultivateurs témoins des résultats obtenus chaque année et d’une production toujours croissante comprennent enfin que la culture des eaux peut devenir une source de profits, surtout en Limousin où les eaux sont si abondantes.

…les résultats obtenus encore cette année à Chavaignac ont étonné les personnes qui ont pu venir les constater et cela d’autant mieux que les moyens employés ont été aussi simples et économiques que possible : c’est là en effet un des points les plus importants de l’enseignement piscicole : produire beaucoup, par des moyens pratiques peu coûteux et surtout à la portée de tout le monde.

L’année suivante, la partie du rapport consacrée à la pisciculture est plus importante et comporte les précisions suivantes :

L’enseignement de la pisciculture à la ferme-école et à la fois théorique et pratique. La théorie est faite en une série de conférences comprenant l’anatomie, la physiologie du poisson, la description et l’étude des différentes espèces les plus importantes et se prêtant le mieux à l’exploitation des eaux. Notre enseignement montre que la pisciculture doit être considérée comme une branche importante de la zootechnie générale ou exploitation industrielle des animaux, car, comme elle, elle a un objet propre et un but déterminé : la recherche du profit.

La situation de l’école permet de donner à la pratique tout le développement qu’elle comporte, d’appliquer et de corroborer les principes énoncés par la théorie.

Les résultats obtenus et dont chacun peut se rendre compte de visu, frappe plus sûrement que la parole la plus éloquente et sont la confirmation irréfutable que la science piscicole peut devenir la source de grands profits. Le dernier ensemencement de l’étang, qui remontait à l’année 1885, avait été fait à raison de 500 feuilles de tanches et carpes à l’hectare. La feuille est produite dans de petits réservoirs au moyen de frayères Lamy et avec un nombre de reproducteurs de 8 à 10 par (?) ; un mâle pour quatre femelles en moyenne ; les frayères sont placées en mai. Les carpes mises dans l’étang dans la proportion de 2/3 environ, étaient âgées de 18 mois et pesaient en moyenne 50 à 60 grammes, le poids moyen des tanches de 30 à 40 grammes.

A la pêche faite en 1888, les poissons âgés de 5 ans ont donné les poids suivants :

– carpes 1000 à 1200 grammes,

– tanches 700 à 900 grammes.

Dans ces conditions d’ensemencement, l’étang a rapporté 320 kilos de poissons par hectare et pour 2 ans.

En 1890, le rapport nous parle de repeuplement.

Chaque année depuis 1883, la ferme-école a versé dans les eaux de la Glane 25000 alevins de truite. Aujourd’hui la question de repeuplement est définitivement résolue, les témoignages qui nous arrivent de toute part, à la suite de la petite enquête que nous avons ouverte en sont la preuve certaine.

Le professeur de pisciculture recevra une médaille d’argent pour services rendus à l’enseignement de la pisciculture.

 

II) Un procédé de sélection de semence d’avoine par immersion.

A l’automne 1897, M. Reclus professeur départemental d’agriculture présente à la Société d’Agriculture un certain nombre d’observations sur le procédé de sélection des semences d’avoine par immersion.

L’expérience avait pour objet de montrer l’influence du triage par immersion de l’avoine de semence, comparativement à la graine sortant du trieur Marot et à celle qui n’avait subi aucun triage. Enfin il était intéressant de savoir si ce procédé très simple permettrait de séparer les ravenelles de la grosse avoine provenant de la caisse n°6 du trieur et qu’il est impossible de semer sans lui avoir fait subir un triage à la main.

Cette méthode convient donc particulièrement à la petite culture qui n’a pas le moyen d’acheter un trieur et qui n’a pas besoin de disposer de gages trop volumineux étant donné le peu de semence dont elle fait usage.

M. Reclus déclare qu’il est, en effet, indispensable de changer de temps à autre de semence si l’on veut obtenir un bon rendement, surtout pour le froment qui dégénère assez rapidement.

III) Pratique de la conduite des machines agricoles.

Les élèves de la ferme-école n’étaient pas les seuls bénéficiaires de cet enseignement. Bien sûr les agriculteurs du voisinage pouvaient constater ’’de visu’’ les résultats des méthodes employées. Mais il y avait plus ; ils pouvaient aussi apprendre à utiliser les instruments agricoles modernes.L’extrait suivants nous le montre.

 

Les foins à Chavaignac. CPA collection privée.

Les foins à Chavaignac. CPA collection privée.

Le Directeur répond avec précision au Préfet au sujet de la demande de création d’un cours de conduite de machines agricoles destiné aux agriculteurs (année 1905).

En réponse à votre lettre du 27 juin dernier, relative à la création d’un cours de conduite de machines agricoles à la ferme-école de Chavaignac, j’ai l’honneur de vous confirmer que j’accepte en principe, avec le plus grand plaisir cette innovation.

Ce cours pratique peut rendre de grands services à nos agriculteurs limousins qui se mettent à remplacer peu à peu la main d’œuvre de plus en plus rare et chère, par des machines agricoles et ils doivent savoir gré au Conseil Général de bien vouloir entrer dans cette voie et de consentir quelques sacrifices en leur faveur. L’essentiel est qu’ils s’intéressent à la chose : plus les auditeurs seront nombreux, plus rapides seront les progrès réalisés et plus nous devons nous en réjouir.

Avec une publicité suffisante et qui aurait d’autant plus de poids qu’elle serait faite par la préfecture et par voie d’affiches dans toutes les communes du département, c’est surtout sur ce jour d’assemblée que je compterais pour tirer le meilleur parti de la création du cours en question.

Ce qui ne veut pas dire que d’autres leçons ne seraient pas faites. On pourrait les répartir de la manière suivante :

– deux ou trois le premier dimanche de juin

– deux autres applications sur la faucheuse pendant le courant du même mois

– trois applications sur la moissonneuse-lieuse en juillet-août

– une leçon sur le semoir et les instruments de préparation du sol en mars.

La date de chaque leçon doit être fixée assez longtemps à l’avance afin que les cultivateurs puissent prendre leurs dispositions pour y assister. Une pluie malencontreuse survenant précisément au jour fixé peut rendre l’application impossible. Il y a un petit écueil facile à éviter dans la rédaction des affiches de publicité en spécifiant par exemple que toute leçon empêchée est reportée au premier jour de beau temps.

J’ai omis à dessein de parler des batteuses à grand travail parce que nos colons ne posséderont jamais en particulier un matériel aussi coûteux. Il reste la spécialité d’entrepreneurs dressés par les constructeurs et qui sont de plus assurés contre les accidents du travail.

En ce qui concerne le professeur je crois rester dans les limites du raisonnable en demandant pour lui la somme de deux cents francs par an.

Chavaignac, le 13 juillet 1905.

Démonstration de matériel agricole. CPA collection privée

Démonstration de matériel agricole. CPA collection privée


IV) Des conférences dans le département

La bonne parole était également portée auprès des agriculteurs beaucoup plus éloignés de la ferme-école.

Voici un exemple des cours donnés dans certaines localités du département en 1899 par M. Mayrat, chef jardinier, qualifié ainsi que M. Engel par M. Randoing, Inspecteur général de l’agriculture, de « professeur de mérite ».

DROUX ; culture et taille de la vigne dans les jardins.

MAGNAC-BOURG, MONTROL SENARD ; les différents modes de multiplication des arbres fruitiers du verger, son rôle dans les campagnes, les meilleurs espaces et variétés propres au verger.

ORADOUR SAINT GENEST ; culture et taille des arbres à fruits à noyau.

SAINT-GENCE, SAINT JEAN LIGOURE ; les principaux ennemis des arbres fruitiers, culture du poirier, variétés recommandées pour la région, taille.

BERSAC ; plantation des arbres fruitiers, époque, préparation du sol, choix, habillage, mise en place.

CHALUS ; généralités sur la taille des arbres fruitiers.

DOURNAZAC ; culture du pommier haute tige, les meilleurs variétés.

PANAZOL ; création d’une petite pépinière pour propriétaires, soins à donner aux arbres jusqu’à leur mise en place.

PEYRAT-DE-BELLAC ; de l’emploi des engrais en horticulture, culture des asperges.

SEREILHAC ; mise à fruit des arbres rebelles, restauration des arbres fruitiers.

L’année suivante conférences et localités seront différentes.