Le château de La Cosse, commune de Veyrac

Château de la Cosse. Veyrac. Photo MNA

Château de la Cosse. Veyrac. Photo MNA

Le château de La Cosse fut construit entre 1761 et 1763, selon les plans dressés par Joseph Brousseau, architecte. Il appartenait à la famille Descubes du Châtenet.

Cet architecte Limousin, qui réalisa le palais épiscopal et la chapelle du couvent de la Visitation à Limoges, ainsi que plusieurs châteaux des environs, exécuta à l’extérieur de sa province des édifices importants, tels que l’évêché et le séminaire de Sées dans l’Orne.

On attribue à son frère, Mathurin Brousseau, la construction de celui de Thouron.

Le château de La Cosse est l’exemple typique d’une maison de plaisance à la campagne, conçue en parfaite harmonie avec les dépendances du domaine agricole. Il faut noter, que le contexte de cette construction coïncide avec le développement du mouvement physiocrate dans notre région. Les propriétaires terriens sont encouragés à promouvoir une économie rurale nouvelle.

Un souci de symétrie est nettement présent dans le domaine : communs parfaitement similaires qui délimitent les côtés est et ouest, deux petits pavillons aux angles sud-est et nord-ouest… Le logis apparaît entre cour et jardin et l’axe de symétrie est matérialisé par l’allée de chênes menant au portail.

Le château, couvert en ardoises depuis 1870, avait probablement à l’origine, une couverture en tuile creuse.

Sur le plan cadastral de 1809, le château comportait un jardin à la française. Il fut remplacé vers 1859, par un jardin paysager et agricole. Cette réalisation nouvelle fut conçue par le Comte de Choulot, célèbre paysagiste et créateur de nombreux jardins en France, Suisse et Italie. De cet espace subsiste le petit bois à l’est, et la rivière anglaise.

Depuis les dégâts causés par la tempête de 1999, de nombreux aménagements ont été réalisés par les propriétaires et de nouvelles plantations sont effectuées tous les ans.Le parc a gardé sa vocation de parc paysager agricole puisqu’une partie de celui-ci sert à l’élevage ovin.

Pour la façade sud à neuf travées, Brousseau a conçu un avant-corps englobant les trois travées centrales. Le fronton est orné d’un œil de bœuf inscrit dans un décor sculpté symétrique formé d’un cartouche godronné et de palmes.

La cour, conçue maintenant comme une cour d’agrément, était à la base une aire desservant les bâtiments agricoles.

L’aménagement du bassin central rectangulaire à pourtour de granite, est postérieur à la construction du château ; il a probablement remplacé une petite pièce d’eau qui pouvait servir d’abreuvoir, après 1859.

L’allée menant à la cour s’arrête devant un grand portail aux piles imposantes.

Dans l’encadrement du portail, le château apparaît comme une grande demeure sobre et simple, entièrement crépie, aux encadrements de baies en pierre de taille, avec un rez-de-chaussée sur cave, un étage carré et un étage de combles.

Deux bandeaux soulignent les niveaux horizontalement et se conjuguent avec le rythme vertical des sept travées.

Un soin particulier a été apporté au traitement de la porte en anse de panier et surtout à celui de la porte-fenêtre de l’étage.

Celle-ci ouvre sur un balcon orné d’une belle grille en ferronnerie Louis XV.

Cette baie, cintrée également en anse de panier, s’inscrivant dans une embrasure rectangulaire, avec impostes moulurées et clef saillante présente un certain aspect monumental.

Un fronton triangulaire surmonte les trois travées centrales et sa base prolonge les moulures inférieures de la corniche.

Le grand escalier intérieur en pierre, comme celui du palais épiscopal de Limoges réalisé peu après, est situé à droite en entrant dans le vestibule. Tournant à gauche et comportant trois volées droites, il est éclairé au rez-de-chaussée par deux baies ; à l’étage, le palier forme une galerie en retour, parallèle à la façade et éclairée par trois fenêtres donnant sur la cour.

Alors que la première volée droite repose sur un mur d’échiffre, les deux autres volées présentent un limon porteur à triple mouluration ; la transition entre le limon de la première volée et celui de la deuxième créé un arc mouluré.

Cet escalier s’orne d’une rampe d’appui en fer forgé dont le départ est fixé sur le limon, au niveau de la troisième marche. Les extrémités gauches des deux premières marches, plus larges que les marches supérieures, forment un mouvement convexe qui enveloppe la barre du limon. La rampe d’appui se poursuit horizontalement au niveau de l’étage où se termine l’escalier.

Côté sud, elle délimite partiellement un couloir longitudinal central et côté nord, le palier et la galerie en retour.

Le registre décoratif répétitif de la rampe d’appui est constitué de sept palmettes renversées disposées en éventail et inscrites dans un enroulement de volutes.

Un grand raffinement a été apporté à la décoration du salon d’apparat.

Le parquet Versailles en marqueterie présente des motifs en losange inscrits dans des carrés. Des lambris peints en jaune pâle recouvrent les murs, un peu de bleu rehaussant l’ensemble des moulures.

Quatre panneaux en bois, placés aux angles de la pièce et amortis en arc de cercle, sont ornés de cartouches de rocaille, tous différents dans leurs détails, et de motifs centraux qui représentent des trophées symbolisant la Guerre, la Chasse, la Musique et la Comédie.

Trois grandes portes-fenêtres donnant sur le jardin permettent à la lumière du jour de jouer avec le relief des boiseries.

Les trumeaux d’angles sont ornés des trophées de la Guerre et du Théâtre.

La cheminée en marbre rouge des Pyrénées a été conçue dans un style Louis XV. Son Manteau, aux piédroits angulaires, présente un arc monolithe chantourné, orné d’un cartouche central à décor rocaille.

A sa gauche, la porte à deux vantaux fait communiquer le grand salon avec le salon de la Guerre.

Au décor des panneaux d’angle du grand salon s’ajoute celui des dessus de la porte donnant sur le vestibule et d’une glace ornant le mur est ; Ils représentent, pour l’un, un tambour et une partition de musique mêlés à un décor symétrique de guirlandes de fleurs, de branches de chêne et de rubans, et pour l’autre une corbeille en osier abondamment remplie de fleurs.

Ce grand salon est appelé aussi salon des Quatre Saisons en raison du décor du décor stuqué de son plafond. Des cartouches rocaille, disposés aux quatre angles et reliés entre eux par de fines moulures, enserrent chacun un symbole de chaque saison.

Le plafond du salon de la Guerre offre également un décor stuqué de quatre cartouches rocaille entourant différents attributs : lances, drapeaux et tambours, enseignes, cuirasses et canons.

Ce décor sculpté et stuqué aurait été exécuté, semble-t-il, vers 1770, par des artistes italiens en séjour sur des chantiers à Limoges. Or ce décor d’inspiration bien française apparaît démodé par rapport aux nouvelles tendances artistiques parisiennes abandonnant le style rocaille. Cela laisserait supposer que Brousseau, au fait de ce nouveau courant artistique, n’est pas l’auteur de ce décor.

Ce programme décoratif aurait pu alors être choisi par le commanditaire, selon des modèles proposés par les artisans sculpteurs.

La Cosse est classé aux Monuments Historiques. Les façades et toitures ; l’escalier principal avec sa rampe en fer forgé ; le salon et la salle à manger avec leur décor ; les façades et les toitures des communs sont inscrits depuis le 7 juillet 1977.

Source : Françoise CELER, Le Canton de Nieul, Haute-Vienne, in Collection Images du Patrimoine, 1995, pages 36 à 41.