Antoinette de Pons

Antoinette de Pons

Antoinette de Pons (v. 1560-1632), fille de Marie-Cléophas de Montchenu et de Antoine Pons, petite fille de Antoinette de Pontbriant et Marin de Montchenu est marquise de Guercheville.

Elle épouse en première noces Henri de Silly, comte de la Roche-Guyon dont elle a un fils posthume : François de Silly, Grand Louvetier, héritier de la terre de Nieul, qui la vendra en 1619 à la famille de Lescours, vieille et illustre famille de Guyenne.

Elle épouse en secondes noces à Mantes (17 février 1594) Charles du Plessis-Liancourt, gouverneur de Paris, qui se trouvera auprès d’Henri IV dans le carrosse, lorsque celui-ci sera assassiné par Ravaillac.

Protectrice des Jésuites et de Champlain, on la nomme parfois « seigneuresse d’Acadie », terre dont elle possède la plus grande partie.

Sa fille Gabrielle du Plessis épousera en 1611, François Ier duc de laRochefoucauld et sera duchesse de la Rochefoucauld
et mère de l’auteur des Maximes.

Elle brille à la cour d’Henri III comme demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis. Puis elle sera Première Dame d’honneur de Marie de Médicis. Émue par les sermons de Richelieu, et persuadée de sa valeur, 
c’est elle qui l’aurait introduit à la cour.

 

Antoinette de PonsAntoinette Pons, marquise de Guercheville, avoit été élevée à la cour de Henri III, & elle y avoie puisé selon Dreux du Radier,cette politesse aisée, cette finesse de conversation, ce ton qui étoit particulier à cette cour la plus polie qu’on ait vue, sans en contracter les défauts. D’après l’abbé de Choisy, elle étoit une des plus belles femmes de son temps ; mais la beauté la rendit moins recommandable que la vertu. Ce fut en 1590, pendant la campagne que fit le roi en Normandie qu’il eut occasion de voir la marquise qui étoit alors sur ses terres.Elle étoit veuve de Henri de Silly, comte de la Rocheguyon, mort en 1586, belle & jeune encore […](Dreuxdu Radier).[Elle] échappa à la plus sensible des tentations, aux soins empressés d’un roi le plus galant des rois. Henri le Grand sentit pour elle tout ce que l’estime et l’amitié peuvent inspirer de plus tendre… Il eut de profonds respects pour Mme de Guercheville (Abbé de Choisy)qui ne fut sans doute pas insensible aux démarches que Henri fit pour lui persuader son amour. Il est bien difficile qu’une femme, quelque vertueuse qu’elle puisse être, ne se félicite pas d’une pareille conquête ! Le roi, qui faisoit alors de très-grands progrès sur ses ennemis, n’en fit point de décisifs sur le cœur de la marquise qui tint bon contre toutes les attaques de son amant (Dreux du Radier – le mot « amant » signifiait alors « femme de ses pensées »). Il voulut lui faire des présents ; elle n’écouta rien, n’accepta rien et pour lui ôter toute espérance, elle évita de le voir, et se priva des plaisirs de la cour pour se consacrer tout entière à son honneur. Henri ne se rebutait point : accoutumé à vaincre en toutes sortes de combats, la résistance de madame de Guercheville l’irritait, et ne le guérissait pas. Il ne renonçait pas au désir de lui plaire et au désir de réussir. Il lui fit reproche de sa vie retirée. Le prince s’avisa un jour, pour dernière ressource, de faire une partie de chasse du côté de La Roche-Guyon où résidait la marquise (Abbé de Choisy). Sur la fin de la journée, s’étant séparé de la plupart de ses courtisans, il envoya un gentilhomme à La Roche-Guyon demander le couvert pour une nuit. Madame de Guercheville, sans s’embarrasser, répondit au gentilhomme que le Roi lui ferait beaucoup d’honneur, et qu’elle le recevrait de son mieux (Abbé de Choisy).Elle fit préparer un magnifique souper. À la nuit, Henri ne manqua pas au rendez-vous. Elle le conduisit jusqu’à la porte de sa chambre, lui fit une grande révérence, et se retira. Le Roi ne s’en étonna pas ; il crut qu’elle voulait aller donner ordre à la fête qu’elle lui préparait. Mais il fut bien surpris quand on lui vint dire qu’elle était descendue dans sa cour, et qu’elle avait crié tout haut : Qu’on attelle mon coche ! comme pour aller coucher hors de chez elle. Il descendit aussitôt, et tout éperdu lui dit : « Quoi !madame, je vous chasserai de votre maison ? – Sire, lui répondit-elle d’un ton ferme, un roi doit être le maître partout où il est ; et pour moi, je suis bien aise d’avoir quelque pouvoir dans les lieux où je me trouve ». Et, sans vouloir l’écouter davantage, elle monta dans son coche (Abbé de Choisy). Ses refus furent si constants, que le roi reconnut enfin l’inutilité de sa poursuite (Dreux du Radier).

Il ne faut pas disait-elle, qu’une femme soit assez téméraire pour attendre son ennemi ; elle succombera en sa présence ; qu’elle évite le combat si elle veut être la plus forte. Il est de certaines victoires qu’on ne remporte qu’en fuyant (Abbé Choisy).

Henri touché de son mérite, lui avoit dit, en abandonnant ses projets galans, que puisqu’elle étoit réellement dame d’honneur, elle le seroit de la reine qu’il mettroit sur le trône par son mariage. Il n’oublia point la promesse,  madame de Guercheville fut la première qu’il nomma dame d’honneur de Marie de Médicis (Dreux du Radier), lui disant :Madame, je vous donne pour dame d’honneur une véritable femme d’honneur(Abbé Choisy).

Il s’employa à lui procurer un mari digne d’elle, & prit la peine d’écrire lui-même à la marquise de Guercheville en faveur de Charles Duplessis, seigneur de Liancourt, comte de Beaumont, chevalier des ordres de sa majesté. Comme il n’y avoit aucun engagement entre cette dame & Henri IV, elle accepta volontiers un époux de la main de son amant. Ce mariage fait sous les auspices du monarque & de la vertu, fut heureux. Le contrat en fut signé par sa majesté, le 17 février 1594. 

Elle servit longtemps de modèle à la cour où on la citoit pour un exemple de ce que peut la vertu sur les personnes même qui l’attaquent, & mourut généralement respectée, après douze ans de veuvage, le 16 janvier 1632, mère de Roger Duplessis, fait duc de la Rocheguyon, pair de France, & de Gabrielle Duplessis, duchesse de la Rochefoucault (Dreux de Radier).