La famille de la Jugie, les papes limousins et les habitants de l'époque

De la Jugie, Judicis, Juge de Saint-Martin

Armoiries des papes Clément VI et Grégoire XI. Source : www.wikipedia.org

Un document en latin daté du 9 août 1380 est conservé aux Archives Nationales. Il s’agit d’une transaction entre Martial Juge damoiseau, seigneur de Boubaud, paroisse Sainte-Marie de Nieul et Barthélémy Juge, son frère, aussi damoiseau, habitant de la ville de Pise en Italie.Cette transaction concerne le partage de la succession de leurs deux oncles les cardinaux de la Jugie et de leur tante religieuse, tous trois décédés. Guillemette Roger, leur grand-mère qui a épousé un de la Jugie est la soeur du pape Clément VI.

Le pape Clément VI.
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Clément VI
Pierre Roger né en 1291 est élu pape le 7 mai 1342.
A 10 ans il est chez les bénédictins de la Chaise-Dieu.
Et termine ses études à Paris.
Son ascension sera rapide et due à ses seuls mérites.
Il est archevêque de Rouen en 1330.
Son rôle fut primordial dans les conflits avec l’Angleterre ou avec l’empereur Louis de Bavière.
Le roi Philippe, pour le garder près de lui, repoussa jusqu’en 1335 son élévation au rang de cardinal.
Élu pape pour marquer son désir de mansuétude à tous les égards, il prit le nom de Clément.
Il allait transformer la cour d’Avignon en une des plus brillantes d’Europe, sa soeur et ses nièces y tenant une place importante.
Il transforme, agrandit, embellit la forteresse précédente, construit une nouvelle église. Prince généreux, il agrandit les bâtiments destinés aux pauvres.Il se plaisait                          en compagnie des savants, Pétrarque était son bibliothécaire.

Tombeau de Clément VI dans l’abbatiale de la Chaise-Dieu. 
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Lors de la terrible peste, il aurait participé aux soins. Incapables de comprendre d’où venait cette épidémie particulièrement destructrice, certains en rendirent les Juifs responsables. Clément VI les prit alors sous sa protection et menaça d’excommunication ceux qui les molesteraient. Cette bienveillance attira de nombreux Juifs dans les États pontificaux et tout particulièrement à Avignon.
Il meurt en 1353. Toujours très attaché à la Chaise-Dieu, c’est là qu’il avait choisi d’être enterré, dans un mausolée magnifique détruit au cours des guerres de religion.

Le pape Grégoire XI.
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Innocent VI
En quelques jours le conclave a élit son successeur : un autre Limousin : Étienne Aubert, des environs immédiats de Pompadour.
Il a été un pape réformateur. Il est mort le 13 septembre 1362.

Grégoire XI
Neveu de Clément VI, Pierre Roger de Beaufort qui a commencé ses études à Avignon s’en éloigne les poursuivre auprès d’un célèbre jurisconsulte à Pérouse. Sa modestie, sa piété, lui valurent l’estime de tous. Il est élu pape en 1370.
D’une santé fragile, convaincu depuis toujours de la nécessité du retour de la papauté à Rome, il entreprit un voyage particulièrement épuisant, et décède peu de temps après, en 1378.

Ainsi, au XIVème siècle, l’on compte trois papes limousins, et de nombreux cardinaux et archevêques de la famille des Roger.

C’est le pape Clément VI très attaché à sa terre natale, Roziers d’Egleton, qui avait promis de planter dans l’église de Dieu, un tel rozier des gens de nostre nation que il ne sera de Chià Chent ans que il y en oit des racines et des boutons si bien qu’il apparaissait, à la fin du XIVème que toute chrestienté fut gouvernet, quant à l’église, de Limoges. 

Un sentiment de jalousie s’est emparé alors de certains italiens. Ils ont vu disparaître le prestige de la papauté qui leur était précédemment accordé (siège à Rome et nationalité du pape). Mais aussi les bénéfices dus aux différentes charges.
L’abbé Nadaud (fin duXVIIIème siècle) pense que les Italiens du XIVème siècle, ayant perdu le monopole du pouvoir papal pouvaient être jaloux des Limousins.
N’oublions pas qu’au XIVème siècle notre province était encore auréolée de la renommée de « l’oeuvre de Limoges », de celle de sa langue poétique appelée le lemouzi, de celle encore de l’abbaye Saint-Martial avec son scriptorium et son école de musique. Voilà donc bien des raisons de rancoeur.
L’on se moquait donc, sans doute depuis le XIVème siècle du patois de nos ancêtres, de leur soi-disant grossièreté et de leur bêtise supposée et les Italiens les auraient appelés « les masche-rabes ».
Les Rabelais, Molière et autre ont aussi participé à cette réputation peu enviable.