L'empreinte des familles

La Famille de Nieul

Première évocation de la Tour de Nieul : 1045-1051, Cartulaire de Saint-Etienne.

Première évocation d’Aimeric de Nieul : 1027, Cartulaire de Saint-Etienne.
Sa signature se trouve auprès de celle de Aymeric Ier de Rochechouart.

Cette similitude de prénoms et de noms va entraîner des « confusions fâcheuses » entre les deux Aymeric.

Aymeric de Nieul et son lignage sont considérés, selon Dom Becquet, comme châtelain épiscopal de Nieul aux côtés du châtelain épiscopal de Noblat. Ce sont les hommes forts de l’église cathédrale de Limoges.

Des questions se posent :

Si nous sommes sûrs qu’il y ait eu une tour à Nieul et que son possesseur en était Aymeric de Nieul, de quand date cette tour ?

Est-elle postérieure ou antérieure à l’an 1000 ? Se trouvait-elle plus ou moins à l’emplacement du château actuel? Depuis quand la famille d’Aymeric était-elle à Nieul ?

Nous savons que la tour de Nieul et son détenteur avaient un rôle important au sein de l’évêché de Limoges : « L’évêque obtenait confirmation de la fidélité de son prévôt à Saint Junien lequel promettait d’envoyer des otages soit dans la cité, soit au château de Noblat, soit dans celui de Nieul » au choix de l’évêque encore (Bull de la soc. arch. et Hist. du Lim, tome 116, p70).

Ce texte montre la confiance que l’évêque de Limoges a placé dans Nieul et son châtelain au XIème siècle.

Entre la fin du XIème siècle et le début du XIIème siècle, nous trouvons les noms de Geoffroy de Nieul ; Pierre de Nieul, Aymeric de Nieul, fils de Geoffroy ; Pierre Gardeche de Nieul.

Vers 1123, l’abbé Ramnulphe de Nieul, fonde l’abbaye de Boeuil, sur des terres de famille, situées dans la paroisse de Veyrac. Hélie de Nieul et sa femme en sont les bienfaiteurs.

Vers 1175, nous rencontrons Pierre de Nieul et Grégoire de Nieul, l’un de ses fils.

En 1208, Geoffroy de Nieul meurt à la Chaise Dieu.

Vers 1270, Aymeric de Nieul est banni et ses biens sont confisqués.

Quelle est la parenté des différents membres de la famille de Nieul ?
Quelle est la raison du bannissement d’Aymeric de Nieul ?

La famille d’Aymeric de Nieul a possédé la terre de Nieul depuis 1027 au moins, jusqu’à la fin du XIIIème siècle.

La Famille des Montrocher

Entre 1275 et 1284, un accord est ratifié entre Gilbert de Malemort, évêque de Limoges et Raterius de Montrocher pour l’achat du château et châtellenie de Nieul. La famille Montrocher semble apparentée à la famille de Nieul et comptera plusieurs Raterius.

Une autre transaction entre eux définit que la haute justice de la châtellenie appartient à Raterius, et que la justice moyenne et basse à l’évêque de Limoges. Les feudataires de l’évêque seront jugés par les deux parties pour les cas criminels. Les vigiers dépendant de Raterius pourront établir les mesures de blé, vin… dans le château et bourg de Nieul, à Chaptelat, Peyrilhac, Cieux, Saint-Jouvent, et autres lieux de la châtellenie.

 

Le 22 juillet 1284, Raterius de Montrocher meurt.

Le 10 août…, dame Petronille, sa mère meurt.

Le 4 avril 1296, Raterius de Nieul rend hommage, à quatre reprises, genoux fléchis, à l’évêque de Limoges :

– pour tout ce qu’il tenait de la succession de sa mère en la châtellenie de Nieul et de Razès,

– pour tout ce qu’il tenait de la succession d’Aymeric d’Aixe, chevalier, à Nieul, au château et châtellenie de Nieul,

– pour tout ce qu’il tenait de Jourdain des Monts,

– pour tout ce qu’il tenait grâce à Dame Catherine son épouse.

 

La cheminée en pierre du premier étage porte le blason des Montrocher.
Armand Nivet y a rajouté ses initiales.

Au cours du XIVème siècle : Geoffroy de Nieul, damoiseau épouse Marguerite Pinheta.

Guy-Raterius chevalier seigneur de Montrocher et de Nieul en partie, veuf de N… de Malemort, épouse Helide de Pierre buffière. Guy rend hommage à l’évêque à quatre reprises.

Raterius de Montrocher, seigneur de Nieul fonde une vicairie dans cette église à l’autel de Saint-Georges.

Lors de ce même siècle figurent également Adémar de Nieul, seigneur de Puymaud et son héritière Delphine de Nieul, veuve en 1417 de Hélie de Nespouls. Puymaud aurait été donné à un cadet de la famille de Nieul.

En 1452, Raterius de Montrocher, chevalier seigneur de la de Montrocher et de Nieul fait une vente. En 1461, Jean de Montrocher est seigneur de Nieul. Ce dernier est condamné pour avoir volé dans l’église et la maison de l’évêque à Nieul.

Il vend peu après la seigneurie de Nieul à Jean d’Estuer ou de Stuer.

Entre la fin du XIème siècle et la fin du XIIIème siècle plusieurs textes nous montrent l’évolution de la dénomination de l’édifice de Nieul. Il n’est plus question de « tour », mais de « château et de châtellenie » de Nieul.

Les Montrocher passent pour en être les constructeurs. Ont-ils réalisé intégralement le château ? Y avait-il déjà un château fort primitif qui aurait remplacé la tour du XIème siècle, et qui aurait alors été construit par la famille de Nieul et aurait été largement remanié par les Montrocher ?

Les familles de Nieul et de Montrocher sont restées présentes à Nieul pendant plus de 250 ans pour la première et de 200 ans pour la seconde. Les familles suivantes resteront moins longtemps propriétaires des lieux.

Les Stuer et les Montchenu

Jean de Stuer devient seigneur de Nieul.
A sa mort, son frère cadet Guillaume est institué héritier.

Puis Arnault de Stuer, plus jeune fils de Guillaume, reçoit les terres de Montrocher et de Nieul en héritage. Il est baron de Nieul et épouse Antoinette de Pontbriand. Il meurt en Italie.

 

Veuve, Antoinette de Pontbriand se remarie avec Marin de Montchenu, premier maître d’hôtel de François Ier, gouverneur sénéchal du Limousin.

La cheminée de la bibliothèque évoque, par ses motifs Renaissance et la Salamandre de François Ier, la période où les Montchenu étaient seigneurs de Nieul.

Une de leurs filles, héritière de Nieul, Marie Cléophas Montchenu a son portrait parmi la collection Clouet de Catherine de Médicis au musée Condé.

Sa fille Antoinette de Pons (première dame de la Nouvelle France ) sera première dame d’honneur de Marie de Médicis . Elle avait épousé en seconde noce Charles Du Plessis-Liancourt.

Le fils d’Antoinette et de son premier époux, vendra la terre de Nieul à la famille de Lescours.

Les Lescours et les Texandier de l’Aumônerie

La famille de Lescours, vieille et illustre famille de Guyenne, dont le tombeau se trouve dans l’église monolithe de Saint-Emilion, est dorénavant propriétaire du château.
La Cheminée du second étage, évoque cette famille.

Louis-Armand de Saint-Georges, héritier des Lescours, vend Nieul aux Texandier de l’Aumonerie au début du XVIIIème siècle.

Joseph Alexis Texandier a épousé Dame Guingand de Saint Mathieu. Décédés en 1755, c’est leur fille Catherine qui hérite des châteaux et terres de Nieul. Elle épouse Jacques de Fressanges

(Etat des lieux du château de Nieul, 1759).

Les propriétaires du XIXème siècle

Le cadastre napoléonien de 1809 cite les possessions de Barbe-Léonard de la Fressanges, héritière du château de Nieul qui a épousé en 1780 Louis-Jacques Cherade de Monbron. Le château va revenir au Général Cacatte

Par adjudication le Général Cacatte des armées de Napoléon, achète la terre de Nieul en 1811. Il la revend en 1824.

C’est un ancien émigré Durand de la Saigne du Boucheron qui l’achète. Celui-ci y fait des travaux particulièrement importants, puisqu’il démolit la partie la plus délabrée, environ la moitié, et restaure l’autre. La chapelle est supprimée, et à l’intérieur est construit un escalier en pierre qui conduit au premier étage, à la salle d’honneur.

Le cadastre de 1809 nous permet de voir ce qu’était le château avant 1835. .

Armand Nivet, amateur d’art le rachète à ce dernier en 1877. Il va entreprendre, lui aussi de nombreuses transformations, et marquera cheminées et plafonds de ses initiales. Certains pensent que l’installation des vitraux (réalisés antérieurement) pourraient lui être attribuée. D’après la tradition, les hauts murs qui entouraient le parc jusqu’au siècle dernier, seraient aussi son œuvre.

Quelle est la participation exacte de ces deux propriétaires dans les travaux réalisés ? Aucune archive connue ne peut nous le dire à l’heure actuelle.

Les propriétaires du XXème siècle

Après Armand Nivet, Messieurs Lesieur, Cheraud, Dobler, membres d’une même famille, en seront propriétaires. Une vingtaine d’années plus tard, ils vont devoir vendre château et parc à la commune de Nieul. Cette dernière acquiert l’ensemble en 1935 notamment parce qu’il occupe tout le centre du bourg.
En novembre 1945, le maire demande au conseil municipal son accord au sujet d’une lettre qu’il a rédigé pour obtenir « le classement comme site du parc de Nieul » en faisant remarquer que « le parc et son étang sont déjà inscrits à l’inventaire supplémentaire et (qu’ils) constituent l’un des plus beaux sites de la région ». Le site est classé l’année suivante en 1946.
Depuis son acquisition le château a connu plusieurs campagnes de travaux importants : une bibliothèque intercommunale occupe le rez-de-chaussée. Les salles du château reçoivent les mariages, les expositions, conférences, réunions…