« Élevé dans un pension particulière (?) à Paris, il a suivi pendant cinq ans les cours de mathématiques et de physique de Lacroix et Brisson à l’école des quatre nations avec assez de succès pour subir à l’âge de treize ans l’examen de l’école polytechnique où sa grande jeunesse empêcha seule son admission.
Depuis l’âge de quatorze ans jusqu’à celui de seize ans et demi, époque de son entrée au service, il a été employé au cadastre en qualité de géomètre de première classe ».
Cadet au régiment de la Tour d’Auvergne le 19 novembre 1805 (28 brumaire an XIV), devient caporal le 28 mai 1806 et sergent le 9 juin 1806 Armées d’Italie et de Naples. Passé au 102ème de ligne, le 1er février 1807. Il est sergent major le 1er avril 1807, adjudant sous-officier le 1er juillet 1808.
A la bataille de Wagram le 6 juillet 1809 Autriche, il a les yeux brûlés par un obus, avec l’armée d’Italie, il est nommé sous-lieutenant le 9 juillet 1809 et lieutenant le 23 octobre 1811(Armée des Côtes de la Méditerranée).
Nous allons le voir en 1812 instruire des jeunes recrues. Dans un premier temps, l’apprentissage commence par la position du corps, dont on comprendra toute l’importance en lisant le passage extrait de « Le chemin des combats » :
« Être soldat, c’est marcher et apprendre à marcher pour économiser son souffle, pour couvrir de longues étapes et savoir passer, sur le champ de bataille, des 76 pas ordinaires à la minute, au 100 pas accélérés et aux 120 pas de la charge. Avant même d’apprendre aux soldats à tirer, le sergent s’emploie à les éduquer dans le port du corps qui leur permettra de marcher le plus vite possible » (Atlas p 38).
C’est seulement ensuite que l’on passera au maniement des armes.
« Au commencement de 1812 lieutenant de grenadiers faisant fonction d’adjudant major, il instruit le 4ème bataillon du 102ème composé de recrues fraîchement arrivées et le poussa dans l’espace de deux mois, de la position du corps, à l’école de Bat. inclusivement ; la précision et l’aplomb des soldats au maniement des armes et aux évolutions, valurent au Lieutenant des témoignages flatteurs d’approbation de M. l’Inspecteur général Baron Auguste M… auquel il fallut certifier que les hommes de ce bataillon n’étaient que des soldats de deux mois et non de deux ans comme les manœuvres le faisaient croire.
En la même année, passé au commandement de la compagnie d’artillerie réglementaire et chargé de la défense du littoral depuis San Remo jusqu’à L…, il fit construire avec l’approbation des inspecteurs généraux, deux batteries qui ont augmenté considérablement les moyens de défense de la Côte… »
Suite du déroulement de sa carrière
Capitaine provisoire, 22 mars 1813. Il passe au 155ème de ligne, le 1er avril 1813 (Grande armée), où il y est confirmé capitaine titulaire.
Convalescence à Leipzig pendant la trêve, il sollicite un emploi à l’état major en raison de sa santé.
Adjoint à L’État major du 14ème corps le 7 août 1813
Prisonnier 11 novembre 1813 en Hongrie
Première Restauration
Retour en France après l’abdication de Napoléon le 15 mai 1814.
Employé d’État-major 1ère division militaire 5 juin 1814
Voici maintenant la lettre écrite le 28 juin 1815 en plein désarroi.
« Monseigneur,
J’ai près de dix ans de service, onze campagnes et vingt-six ans d’âge, et je suis honoré de l’estime particulière de tous mes chefs, cependant plusieurs capitaines de beaucoup mes cadets de service et de grade, tant dans la ligne qu’à L’État major sont conservés pendant qu’on m’envoie à demi solde, j’ose croire que la justice de Votre Excellence qui se distingue si éminemment parmi ses autres belles qualités, a été trompée, et c’est à elle que je m’adresse.
Mon brevet de chef de bataillon allait être signé, quand Votre Excellence a pris les rênes du ministère, et l’on me renvoie !
Rentrant des prisons de Hongrie et dénué de tout quand j’ai été employé, j’ai dû contracter des dettes, très considérables pour moi, pour me monter et m’équiper. Je ne puis obtenir un centime de la liquidation quoique des milliers de numéros d’enregistrement après le mien aient été expédiés, je suis donc ruiné et perdu si Votre Excellence me refuse la justice que je réclame. Cependant si cela est impossible, je la supplie de vouloir bien daigner ma faire savoir mon sort le plus tôt possible et pendant qu’il me reste assez d’argent pour acheter un pistolet pour me casser la tête.
J’ai l’honneur d’être
Monseigneur
de Votre Excellence
le très humble subordonné et obéissant serviteur.
Capitaine adjoint à L’État major de la première Division d’infanterie ».
Est-ce le résultat immédiat de cette lettre ? Il est confirmé dans son emploi par ordonnance. 31 janvier 1815.
Les Cent jours
Employé à l’État-major du sixième corps le 6 mai 1815. Il est blessé d’un coup de boulet au pied droit le 18 juin 1815 (Armée du Nord) à Waterloo.
Nous n’avons pas trouvé de demande de Gabriel Duclou pour combattre auprès de l’Empereur pendant les Cent jours, mais au retour de l’Ile d’Elbe son service va le ranger avec Dupuy de Saint-Florent, parmi les demi-soldes dans la catégorie des « suspects » aux yeux du nouveau pouvoir.
Seconde Restauration
En non activité au licenciement le 1er septembre 1815.
Les éclats de service en 1815
A la suite d’une ordonnance qu’il connaît avec retard et dont il ne signale pas la nature, il va présenter une demande le 22 août 1818.
Il envoie donc un état détaillé, certifié conforme à l’original à Limoges le 22 août 1818. Ce sont les observations qui y figurent que nous avons reproduites précédemment. Cet état était accompagné de la déclaration suivante :
» Déclaration
Le capitaine soussigné, déclare que, dans les études qu’il a faites, les mathématiques ont été spécialement l’objet de son travail, que malgré treize ans de service, la géométrie et la trigonométrie, lui sont encore parfaitement présentes et que peu de temps lui suffirait pour se remettre aux autres parties.
Qu’ayant pendant deux ans, avant d’entrer au service, travaillé au Cadastre comme géomètre, il pense être assez familier avec la géométrie pour la mettre en pratique à chaque fois qu’il sera nécessaire.
Que pour les reconnaissances et exercice des troupes, il en sait autant que huit ans de service dans l’infanterie et cinq à l’Etat major, ont pû en apprendre à un officier qui aime son état et qui s’en occupe.
Le capitaine Duclou supplie messieurs les membres de la Commission de vouloir bien remarquer, que n’ayant connaissance de l’ordonnance que depuis deux jours et habitant la campagne, sans étui et sans couleur, la crainte que ses pièces n’arrivassent trop tard l’a contraint à brosser à la hâte le dessin qu’il a l’honneur d’envoyer.
Limoges, le 21 août 1818″’.
Il est admis au Corps d’État-major 12 décembre 1818, puis disponible le 1er janvier 1819. Il devient Aide de camp du Lieutenant Général Baron Alméras, le 18 avril 1823.
Le Lieutenant-Général va multiplier les démarches auprès du Ministre de la guerre pour lui demander de nommer le Capitaine Duclou chef de bataillon. Curieusement celui-ci qui est soupçonné d’être resté fidèle à l’ »usurpateur » va être soutenu et recommandé par la Dauphine.
Voici deux des interventions du Lieutenant Général Baron Alméras commandant la onzième division militaire.
L’une date du 25 décembre 1826 , au Ministre de la Guerre.
« Monseigneur,
La nouvelle ordonnance concernant le Corps Royal d’Etat Major, en m’autorisant à avoir un chef de bataillon pour aide de camp, vient accroître les espérances qu’ont dû faire concevoir au Capitaine Duclou du Theillol qui sert auprès de moi en cette qualité, les promesses bienveillantes de Votre Excellence et celles de ses prédécesseurs , seul fruit jusqu’ici de ses services honorables, des notes les plus avantageuses, et des augustes recommandations de S.A.R. Madame la Dauphine.
Je renouvelle donc avec empressement la demande que j’ai plusieurs fois faite en sa faveur et je prie Votre Excellence de vouloir bien le nommer au grade de Chef de bataillon du Corps Royal d’Etat Major.
Si cependant le Capitaine Duclou devait voir ajourner encore ce résultat de toutes les assurances d’avancement qui lui ont été données, sa santé altérée par les fatigues de la guerre et par des espérances non réalisées, lui a fait négliger jusqu’à présent, et de plus, le besoin de veiller à l’éducation de trois jeunes dont il a eu le malheur de perdre la mère, sont des motifs qui me feraient consentir à me priver des services de cet officier, et à demander pour lui l’emploi de Capitaine de recrutement dans le département de la Haute-Vienne, à Limoges ; si toutefois Votre Excellence se propose de remplacer, d’après l’ordonnance de réorganisation, les Capitaines de troupe de ligne, employés actuellement dans ces fonctions, par des Capitaines du Corps Royal d’Etat Major.
Des Motifs aussi pressants et le vif intérêt que je prends à sa position peuvent seuls me déterminer à appuyer une demande qui doit éloigner de moi Monsieur Duclou, et me laisser toute sorte de regrets. Mais persuadé que le Roi sera toujours bien servi par un officier plein de zèle, à qui nul genre de connaissances n’est étranger, je le recommande à toute la bienveillance de Votre Excellence, et je me plais à l’en reconnaître digne comme il l’est de ce témoignage de toute ma satisfaction… »
Une fois encore, six mois plus tard, envoi d’un rapport le 7 mai 1827 du même Général commandant la 11ème division militaire, dans la rubrique « Capacité instruction », nous relevons :
Outre l’instruction spéciale que ses fonctions exigent et l’expérience acquise par vingt et un ans de service et dix campagnes cet officier est également versé dans les sciences qui s’y rattachent moins immédiatement et dans le littérature, il cultive les arts avec succès ; ses travaux topographiques ont été notés favorablement. C’est à tous égards un excellent officier.
Et dans « Observations du Lieutenant Général » :
« S.A.R. Madame la Dauphine honorant de son intérêt depuis quatre ans le Capitaine Duclou a daigné le faire particulièrement recommander dans diverses circonstances à S.E. le Ministre de la guerre dont elle a reçu l’assurance que cet officier serait proposé à S.M. pour obtenir de l’avancement à la première promotion. De mon côté je n’ai laissé échapper aucune occasion de le présenter pour une récompense que je crois lui être si bien due, soit à M. le Marquis de Clermont-Tonnerre lui-même, soit à ses prédécesseurs : ayant aujourd’hui le droit d’avoir un chef de bataillon pour aide de camp et apprenant que trois emplois de ce grade sont vaquants, je prie avec de nouvelles instances S.E. de vouloir bien se rappeler les promesses qu’elle a faites à S.A.R. Madame la Dauphine et de proposer le Capitaine Duclou pour un de ces emplois. Les différentes lettres que j’ai écrites à S.E. en faveur de cet officier lui prouveront combien je l’apprécie et que je regarderais comme une faveur personnelle l’avancement qu’il obtiendrait. J’ajouterai que j’ai déjà sollicité pour lui dans plusieurs occasions la croix d’officier de la légion d’honneur.
Bordeaux le 7 mai 1827. »
Ces deux interventions ne constituent qu’une partie de celles entreprises par le Lieutenant-Général Alméras, elles ne seront jamais couronnées de succès, sa mort entraînant du reste la perte d’emploi de Gabriel Duclou.
Il est disponible 6 janvier 1828
Monarchie de Juillet
Il devient Chef de Bataillon le 22 février 1831.
Aide de camp du Général Soult le 16 novembre 1832. Disponible le 1er mai 1833.Aide de camp du même Général le 11 octobre 1833. Disponible le 1er août 1835.
Le Capitaine Duclou du Theillol a donc dû attendre l’arrivée de Louis-Philippe pour devenir chef de bataillon.
Nous avons pu prendre connaissance d’une demande d’autorisation de mariage faite au cours de ces dernières années.
Nous ne savons rien de sa première épouse morte très jeune. Nous ignorons pourquoi il ne se marie pas avec une demoiselle Chaâle des Etangs résidant à Paris pour laquelle il avait adressé les papiers nécessaires en vue de l’autorisation en 1831.
En octobre 1832, c’est le certificat suivant qui sera soumis aux autorités militaires :
« Je soussigné adjoint au maire de la commune de Saint-Gence, canton de Nieul…, Monsieur le Maire empêché comme père de la demoiselle dont il s’agit, certifie que Mademoiselle Anne Barbou, fille du sieur Barbou Leymarie propriétaire et maire de la présente commune et de Magdeleine Boyer, née à Limoges le premier complémentaire an treize jouit d’une bonne réputation et que sa conduite et ses moeurs sont irréprochables.
Certifie en outre que sa dot s’élève à une somme de quinze mille francs et ses espérances à celle de vingt, que ses parents sont des plus considérés de la commune, que c’est un parti convenable et assorti à la fortune et à la position de Monsieur le Commandant Duclou son futur époux.
Fait à la mairie de Saint-Gence le 24 octobre 1832. »
Le mariage se fera. Etant sa cadette de plus de quinze ans, il n’est pas surprenant qu’elle lui ait survécu.
Nous avons laissé notre officier disponible le 1er août 1835. Il est désigné pour l’emploi de Chef d’Etat Major à Bône le 24 septembre 1836.
» Il exposa le 1er octobre suivant que le mauvais état de sa santé ne lui permettrait pas de se rendre à son poste et demanda à rester en disponibilité…
D’après la circulaire du 29 juin 1835…les officiers pourvus d’emploi ne peuvent être admis à disponibilité pour cause d’infirmités, cette position étant exclusivement destinée à ceux que le gouvernement est momentanément dans l’impossibilité d’employer… Si cet officier se trouvait dans l’impossibilité d’exécuter l’ordre qu’il a reçu, il y aurait nécessité de l’admettre à faire valoir ses droits à la retraite à titre d’ancienneté puisqu’il réunit plus de trente ans de services effectifs…et de le replacer en disponibilité jusqu’à la liquidation de la pension à laquelle il a droit… »
Ce sont les termes extraits du rapport fait au Ministre de la guerre, Direction générale du personnel des opérations militaires Bureau des Etats Majors et des Ecoles militaires.
Signé par le Chef de bureau Debacq,
Vu le Maître des requêtes chef de la troisième division, signé Mahérault,
Vu le conseiller d’état Directeur général, signé Vte (?ranm).
Ainsi se termine la carrière militaire de Gabriel Duclou du Theillol. Nous le retrouverons enfin membre de la municipalité de Chaptelat et maire pendant une dizaine d’années, dans une publication ultérieure nous parlant du XIXème siècle dans notre canton.