Première évocation du lieu : 2ème quart du XVIème siècle.
Le terme « repaire » désigne des bâtiments renfermant les habitations du seigneur ou du maître et de son personnel, ainsi que les locaux divers affectés à l’exploitation agricole de ce que le Moyen-Âge appelait un repaire, c’est-à-dire la résidence permanente ou accoutumée d’un seigneur en même temps que point de convergence des droits et devoirs attachés à ses possessions.
Cette habitation se situe sur un éperon dont la pente douce à l’ouest est contrastée par un pic de 8 à 10 mètres à l’est.
Le village était constitué du logis seigneurial appelé le Repaire des Monts, d’une chapelle, d’une grange aux dîmes et de logements de métayers accolés à des bâtiments agricoles.
Ce village était autrefois fermé par trois portes garnies de meurtrières : plusieurs maisons du XIVème siècle forment un quadrilatère au centre duquel se dresse une vaste grange fortifiée, ayant à ses angles des échauguettes encore intactes aujourd’hui, qui lui donne un aspect militaire.
L’ensemble des bâtiments s’organise autour de deux cours séparées par l’imposante grange aux dîmes.
Dans la première cour se situait la chapelle. Dans l’angle nord-ouest de la deuxième cour existait une tour visible sur l’ancien cadastre de 1808. Deux portails, eux aussi démolis, fermaient la cour sud et un troisième la cour nord.
Le logis apparaît comme un long bâtiment simple en profondeur. L’élévation ouest sévère, aux baies hautes et étroites, présente au niveau du rez-de-chaussée six meurtrières et à l’étage, des trous de visées pour armes de petit calibre.
Une tour d’angle circulaire, plus importante que la tour sud-ouest encore existante se situait dans l’angle nord-ouest.
Un escalier en pierre à mur noyau, voûté d’arêtes, au niveau de la deuxième volée, permet d’accéder à l’étage.
Un long bâtiment abritant logement et dépendances agricoles domine à l’est un léger escarpement. Une tourelle d’angle en encorbellement protégeait le village d’une attaque éventuelle ; elle possède une large meurtrière permettant le tir d’un fauconneau.
Ce sont les Martin, riche famille de marchands de céréales qui firent construire le domaine dans le second quart du XVIème siècle. La date de 1534 est portée sur la porte des dépendances. Ils possédaient une grange à dîme, importante bâtisse qui séparait le village en deux. Elle avait tant un usage agricole que défensif, puisque l’on peut constater une échauguette sur l’angle avec des meurtrières. Le parement de cette grange est fait de moellons de granite réguliers, dressés au marteau et disposés en assise horizontales à joints étroits. La structure du bâtiment était compartimentée en trois niveaux séparés par deux planchers.
Durant le XVIIème siècle, cette famille abandonne peu à peu le commerce pour des charges publiques conduisant à la noblesse et aux privilèges. La terre passe alors aux Verthamont, également riches marchands, mais tout comme les premiers se dirigeant vers les offices (nombreux seront consuls).
Le XVIIIème siècle voit apparaître la famille des Dorat, qui se réclament du poète Joachim Disnematin Dorat, le professeur de Ronsard.
Durant leur occupation, un incendie se déclara les 27-28 août 1756. Il détruisit le toit de la tour nord-est du logis. Une réfection sommaire fut envisagée, puisqu’en 1794, elle n’a ni plancher, ni croisée. Après 1765, la chapelle du domaine est démolie car elle est ruinée. En 1787, le logis est partagé entre deux héritiers, qui font désaxer et rétrécir la porte principale. L’un d’entre eux sera le premier maire de Saint-Gence (8 mars 1790). Ses deux derniers, gardes du corps du roi, seront rappelés pour le service.
Vers 1900, la tour nord-est est démolie et après 1913 se sera au tour de celle des dépendances. Il subsiste des vestiges des fortifications, des portails, des cheminées avec corbeaux sculptés. Certaines pierres ont été réemployées dans des maisons de Saint-Gence.
Aujourd’hui, nous pouvons encore voir la division de ce domaine puisque deux propriétaires occupent les lieux.
Source : Un fief limousin, le Repaire des Monts ; Saint-Gence, par Henri HUGON, Imprimerie Nationale, Paris, 1940.