Nous avons choisi pour représenter chaque paroisse ancienne une photographie de l’église actuelle. Il est bien évident que la plupart de nos églises ont été profondément modifiées au cours des siècles, et en particulier au XIXème siècle où plusieurs clochers ont été entièrement refaits.
« La paroisse, c’est-à-dire le territoire dont les habitants relèvent d’une église pour les actes du culte » nous dit Dom Becquet.
Relevons donc pour la paroisse les éléments constitutifs suivants : Une église, un curé, un territoire, des habitants
a) L’église est la maison commune :
Au XVIIIème siècle, il n’y a toujours pas de barrière entre le sacré et la profane.
La présence à la messe du dimanche ne souffre guère d’exception ainsi que le repos dominical.
Il en est de même pour la cinquantaine de jours chômés en l’honneur des Saints.
Signe de foi, ou simple rite, elle permet les rencontres au sein de la communauté villageoise, la circulation des nouvelles. Les décisions du roi, les avis concernant la paroisse ou les paroisses voisines sont affichées à la porte (ventes, locations, jugements divers y sont inscrits). Afin que nul n’en ignore, le curé les annonce dans la langue du pays.
En temps de danger, l’église a pu constituer un refuge pour les habitants.
Le porche, la sacristie quand ce n’est pas l’église elle-même servent dans de nombreux cas de lieu de réunion, (on le verra ultérieurement), sinon ce sera une salle de cabaret toujours très proche de l’église qui ouvrira dès la fin de la messe.
Lieu de culte donc, mais aussi lieu de conversations qui se poursuivent souvent au cœur des offices. Et lieu de réjouissances souvent profanes.
b) Les curés ont, outre leur rôle purement religieux, d’importantes autres missions :
Le curé de la paroisse doit tenir les registres paroissiaux : baptêmes, mariages, sépultures.
Ce qui conduira souvent à notre époque à leur consultation par les passionnés de généalogie.
Ils contrôlent sages-femmes, nourrices, cabaretiers… Comptant parmi les rares hommes instruits de la paroisse, ils jouent parfois un rôle capital dans des circonstances difficiles : affaires fiscales et judiciaires…
Les curés auraient dû recevoir le dixième des principaux produits de la terre : la « dixme » sitôt la récolte faite. Instituée pour permettre « la subsistance des pasteurs, l’entretien des bâtiments du culte et le soulagement des pauvres, » la dîme s’était souvent égarée vers d’autres directions au cours des siècles, si bien que la part des pauvres avait diminué et le prêtre ne recevait plus que la « portion congrue » ; mais ils avaient d’autres sources de revenus : rémunération pour les baptêmes, mariages, enterrements, rentes diverses… et jouissaient d’un certain bien-être ce qui n’était pas le cas de leurs vicaires.
Auprès du curé se trouvait un conseil paroissial : le « conseil de fabrique » chargé des questions financières et qui pouvait aussi aider le curé à prendre certaines décisions grâce à ses conseils.
Au XVIIIème siècle, nombre de curés s’intéressent au progrès des sciences, aux idées nouvelles. Leur instruction va, à la veille des Étals Généraux, les amener à rédiger de nombreux cahiers de doléances du Tiers Etat.
Ceux, pour lesquels nous possédons des documents, ont souvent joué un rôle important au cours de la Révolution dans nos différentes paroisses.
c) En ce qui concerne notre territoire, nous avons la chance d’avoir ce que ne possèdent pas les paroisses du Nord de la France ; c’est-à-dire un État des Fonds réalisé au cours des années 1740-1750.
Ces registres constituent de véritables cadastres. Établie à la suite d’un « arpentement » la liste de toutes les parcelles de maisons, granges, cours, jardins, prés, châtaigneraies, chènevières, terres, chaumes, pièces de « brugeau », de « reytadys », « chanfroids »… va être accompagnée de l’estimation de sa superficie, de son revenu, du nom de son propriétaire et de son exploitant, pour lesquels se trouvent également l’indication de sa profession, des animaux qu’il possède, de ses ruches…
Ainsi la physionomie de chacune de nos paroisses pourrait se dessiner à leur lecture. Au fil du temps nous espérons peu à peu vous faire partager un certain nombre de ces renseignements.