Jeanne Boyol est issue d’une riche famille originaire de Limoges. Son père Pierre Boyol est écuyer, seigneur de Montcocu, paroisse d’Ambazac, de Rozière, paroisse de Bonnac, du Bâtiment, paroisse de Chamborêt et de Cieux en 1582 et 1588. De religion protestante, il est officer du roi de Navarre, l’un des Cent Gentilshommes de sa Maison en 1572. Sa mère Marie Rougier, est la fille de Jean, seigneur de Sarcou.
Jeanne Boyol mourut avant avril 1612.
Jean de Villelume, écuyer, sieur de Barmontet (Verneugheol, Puy-de-Dôme) est le troisième fils de Guillaume de Villelume, chevalier de Saint Michel et de Louise Green de Saint-Marsault.
Devenu chevalier de Malte vers 1572, il quitta l’ordre de St Jean pour se marier. Ses fiançailles furent faites par contrat devant des CHAMPS notaire royal au château de Montcocu, le 19 février 1587, en présence de ses frères Jacques et François de Villelume, tous deux Chevaliers de Malte. Il s’établit en Limousin lors de son mariage, par contrat du 2 avril 1588 devant Martial des CHAMPS notaire royal, avec Jeanne BOYOL, dame du BÂTIMENT et de MORCHEVAL (Chamborêt). Elle eut en dot les fiefs et repaires nobles du Bâtiment et de Morcheval et de Jouans, ainsi que les appartenances et dépendances. Elle lui apporta également les terres de Trasforet à Ambazac et de Beausoleil à Compreignac.
Dès lors, il s’établit en Limousin, alors déchiré par les luttes entre partisans de la Ligue et les forces royalistes. La fidélité de ses frères à la cause royaliste en Auvergne, comme l’attachement de sa belle-famille à la couronne de Navarre, ne pouvaient que l’inciter à suivre le parti du roi Henri IV.
On constate que, le 3 août 1590, Jean de Villelume, alors sénéchal du Limousin, qui réside avec sa femme et leurs deux jeunes enfants au château de Thouron où il tient garnison, se décide à faire son testament, “craignant d’être surpris de la mort, à cause qu’il était sur le point pour aller à la guerre pour le service du Roy…” (Bibliothèque Nationale, Mss, Carrés d’Hozier 636, dossier Villelume, p. 337). Jean de Villelume lègue à Jeanne Boyol, “sa bien-aimée femme”, une certaine somme, et fait héritier universel “seul et pour le tout” Pierre de Villelume, son fils.
Les Ligueurs, battus à Limoges en octobre 1589, n’abandonnaient pas pour autant la partie. Au printemps 1591, Georges de VILLEQUIER, vicomte de LA GUERCHE, chef de la Ligue en Poitou, voulut reprendre la Basse-Marche. Il vint mettre le siège devant Le Dorat, menaçant ainsi Bellac. Quelques troupes royalistes de la région tentèrent de soulager les assiégés. Laissant le château de Thouron à la garde de quelques soldats, Jean de Villelume prit avec sa garnison le chemin du Dorat, qu’il pensait devoir être le premier assiégé. Mais Jean de Villelume ne put accomplir sa mission. Passant par la forêt de Rancon, il y périt dans une embuscade tendue par des Ligueurs, ennemis de sa belle-famille. Pendant les guerres de religion, Pierre Boyol combattit les religieux de Grandmont. Il tua le frère du sieur Lessard. Lorsque gendre et beau-père quittèrent Thouron pour aller secourir la ville du Dorat assiégée par les Ligueurs, le Sieur Lessard (commune de Roussac), les voyant passer près de chez lui, crut le moment opportun de venger la mort de son frère. Il vint donc les attaquer entre Lessard et la forêt de Rancon. On se battit avec acharnement ; Pierre de Boyol et Jean de Villelume furent tués. Après le combat, les survivants remportèrent à Thouron les corps de ceux qui en étaient partis quelques heures auparavant.
Jeanne Boyol, alors enceinte de leur troisième enfant, consigna dans ses notes familiales le tragique évènement qui la rendait veuve à peine plus de trois ans après le mariage : Un dimanche heure de vespres, alant secourir la ville du Dorat pour le service du Roy Henri IIII, Royde France et de Navarre, Monsieur du Bâtiment fut tué près de la forêt de Renquon d’une embuscade des ennemis et rebelles au Roy par Terzanne et Lessar, le 5 may 1591….
Le corps de Monsieur du Bâtiment aurait été ramené au château de Thouron, puis inhumé en l’église d’Ambazac où, dit-on, l’on voyait encore sa tombe en 1789, à côté des fonds baptismaux. Monographie de Thouron.
Quant à Jeanne Boyol, bien que sans doute relativement jeune encore, elle ne se remaria pas. Elle passa le reste de sa vie à assurer l’éducation de ses enfants et à consolider leur futur patrimoine. C’est ainsi, par exemple, qu’elle transigea en 1597 avec ses sœurs Sarah et Judith au sujet des legs qui leur avaient été faits par leur père Pierre Boyol.
Lors de la recherche de la noblesse effectuée en Limousin de 1598 à 1599 par les commissaires du Roi départis au “règlement des tailles”, elle eut à justifier par titres le droit d’en être exemptée. (Original de cette transaction Archives du château de Losmonerie).
Le texte de ce procès-verbal de la Recherche de la noblesse faite en Limousin par les commissaires du Roy au régalement des tailles en 1598-1599 subsiste (Bibliothèque Nationale, Mss, Fonds Français 5448) ; il a été édité par G. Clement-Simon, Archives Historiques de la Corrèze, tome II). Jeanne BOYOL n’était évidemment pas en mesure de produire sur le champ les titres justifiant de la noblesse de sa belle-famille qui étaient conservés à Barmontet en Auvergne. Elle demanda donc un délai pour les recouvrer ce qui lui fut accordé (f° 27 ; p. 448). Mais les fiefs en cause (Montcocu) étant situés dans la paroisse d’Ambazac en Limousin et lui appartenant en propre comme héritière universelle de son père, sans doute lui demanda-t-on de produire ses titres personnels. Elle présenta ultérieurement plusieurs actes constatant que son père était gentilhomme de la Maison du Roi de Navarre et en outre le testament de Pierre Boyol ainsi que son propre contrat de mariage avec Jean de Villelume. Ces titres parurent insuffisants puisque les commissaires lui demandèrent de justifier plus amplement. La décision finale manque.
Jeanne décéda vers 1606, bien avant d’avoir pu établir ses enfants puisque l’aîné avait alors au plus dix-sept ans. L’inventaire des biens meubles, y compris des titres, fut alors établit afin d’en assurer la conservation.
L’analyse d’une sentence rendue le 21 octobre 1609 par le lieutenant-général de la Sénéchaussée de la Marche (Bibliothèque Nationale, Mss, Carrés d’Hozier 636, dossier Villelume, p. 338), indique en effet qu’environ trois ans auparavant il avait été fait l’inventaire des meubles et titres laissés à Pierre de Villelume, alors mineur, et que ceux-ci avaient été mis en sûreté dans une chambre du château de Montcocu dont la clef était conservé par le greffier de la Cour de Guéret. (Un coffre qui porte une serrure aux armes BOYOL est conservé au château de Losmonerie, un autre coffre de style Renaissance, provenant de Montcocu, est conservé à l’étage de Jouxtens chez les d’ALBIS).
Liste des vingt-et-un membres de la Maison de Villelume reçus dans l’Ordre de Saint Jean-de-Jérusalem dit de Malte, Communication du comte Aymeric de Villelume, in www.geneawiki.com.