"Testament Spirituel" de Martial Biarneix

Né à Limoges le 14 juillet 1887,
fils de Léonard et de Jeanne Gabouty
Porcelainier.

Engagé volontaire.

Cheveux et sourcils chatains,
yeux gris, front ordinaire,
nez droit, bouche moyenne,
menton à fossette, visage ovale,
taille 1m71, degré d’instruction 3
Soldat au 93ème RI, le 26 octobre 1905
libéré le 19 octobre 1908
soldat au 7ème R.I.
à la date de la mobilisation.

Blessé, il est déclaré inapte pendant un mois le 3 mars 16 par la commission de réforme de Cahors.

Peu de temps, sans doute, après son retour au front il adresse à son épouse cette carte de correspondance des armées, datée, semble-t-il, du 19 mai 1916.

« Ma chérie, deux mots pour te donner de mes nouvelles qui sont bonnes malgré que nous ayons la pluie toute la journée, au moment ou je t’écris, le canon fait rage autour de nous, je recommence à m’habituer un peut. J’espère que tu es complètement remise de ta petite maladie. Bonjour à tous les voisins. Embrasse bien les petits pour moi. Toi, je t’embrasse bien fort, et de tout mon cœur. 

Celui qui t’aime. 

Martial »

Autre correspondance sans date

« Dimanche Ma chère Maria…j’oubliais de te dire d’ajouter du tabac dans mon colis,
 je t’écrirai longuement, sitôt que j’aurai un moment ; pour le moment impossible,
 nous n’arrêtons ni nuit, ni jour… »

Il est tué le 2 juin 1916 à la Harazée. Peu de jours avant sa mort il lui écrivait une dernière lettre.

« Le 24 ( mai ? ) 16 

 Ma chère Maria, 

Il y a à peine 10 minutes que je reviens de voir les Boches, où j’ai assisté à un joli feu d’artifice, notre mission était d’aller placer les fils de fer à une dizaine de mètres d’eux Pétards, bombes, cartouches, fusils, obus, rien ne nous a manqué ; nous étions huit et sommes revenus sain et sauf, heureux d’avoir pu nous en sortir à si bon compte, mais tu peux croire qu’avant notre départ l’on ne riait pas. J’ai bien pensé à toi ma chérie et je devenais même jaloux en pensant que si je disparaissais tu appartiendrais à un autre, aussi, en colère, je plaçais ces fils de fer et résultat, un peu les doigts écorchés, enfin c’est fini, il est 10 heures du soir et dans 1 heure nous serons relevé pour aller au repos pendant 6 jours, c’est une nuit où il ne faut pas songer à dormir et sais tu combien j’ai dormi en 12 jours de tranchées ? Exactement 22 h.

 Aussi je suis las, anéanti, brisé, les poux me mangent et des gros noirs ; c’est toujours intéressant ces petites bêtes ; je ne sais pas ce que c’est de se laver, ni les mains et la figure, je ne suis pas rasé, il fait une chaleur terrible, je te jure que je ne suis pas à l’aise, si j’ai un peu profité de la vie étant à l’arrière, je ne m’en veux pas, car ici tu le payes ; demain heureusement je prendrai une bonne douche car il en existe, je changerai de linge et pourrai dans les bois, faire le gandin.

Ma chérie je suis heureux de m’entretenir un instant avec toi et quoique ma lettre ne soit pas très intéressante, j’espère que tu lui feras bon accueil, je ne puis pas toujours te dire que je t’aime, tu le sais bien et si je t’ai fait souffrir, je m’en repends de tout mon cœur. Sur ce je termine ma mignonne en t’envoyant mes plus doux Baisers.

Ton grand qui t’aime et qui ne pense qu’à toi. 

Martial. 

Bien le bonjour du sergent Guérin qui est venu chez nous ainsi que de mon copain Bardait.

Je vous embrasse tous les trois » . 

Sur la même lettre 

 « Mon cher fils. 

 Je crois que c’est demain que tu vas faire ta 1ère communion, quand tu recevras ma lettre, elle sera même faite. Je pense à toi et je suis heureux, parce que tu rends ta mère heureuse et fière de t’avoir élevé. La 1ère communion est le premier pas que l’on fait dans la vie, l’on devient jeune homme, l’on ne doit plus penser à l’amusement ( ? ) obéir à ses parents être tout pour eux, et dans leurs intérêts. Aime ta maman, qui peut être un jour appelée à être seule , toi tu seras homme et seras son soutien, c’est si beau un fils, qui chérit sa mère, ah, si j’avais la mienne combien de choses pourrais-je lui faire et combien je l’aimerais.

Aime aussi ta petite sœur sur qui il faut veiller, fais lui comprendre qu’il ne faut pas qu’elle te suive ; sa place est à la maison.

Allons mon Marcel sois sage et mignon, apprends bien à l’école, pour que l’échelle que tu auras à monter pendant ta vie, sois moins pénible. Embrasse bien fort ta mère et ta sœur pour moi. Moi je te renvoie toutes mes caresses paternelles et t’embrasse de tout mon cœur

 Ton père « .

Source : Archives privées.