Jeanne-Léonie Martin de Bonabry née en 1822 est la fille de Pierre Martin de Bonabry, conseiller en retraite de la cour d’appel, demeurant à Limoges et de Louise Lasniers-Desbarres demeurant à Trachaussade, commune de Peyrilhac.
Les parents étant séparés, la jeune fille vit avec sa mère à Paris où elle étudie la musique au conservatoire. Mais elle revient chaque été dans le Limousin, à Trachaussade. Monsieur Hugon, biographe de Jeanne, dit de cette dernière qu’elle a une remarquable virtuosité pianistique et des talents de compositrice.
Elle épouse le 27 décembre 1844 à la mairie de Peyrilhac Paul Gavarni, venu seul dans le Limousin. Ce dernier apporte un avoir en numéraire de 40000 francs et une belle demeure du XVIIème siècle, acquise depuis peu, à Auteuil. L’époux a 18 ans de plus que sa femme. De cette union naît deux garçons, Jean et Pierre.
Après le mariage, les nouveaux mariés restent quelques temps dans le Limousin. Gavarni apprécie les promenades dans la campagne alors que ses éditeurs le pressent de rentrer… Mais vite, il éprouve la nostalgie de Paris et de ses parents. De retour dans la capitale, le couple s’installe dans la demeure d’Auteuil.
Mais qui est Paul Gavarni ?
Paul Gavarni de son vrai nom :
Hippolyte Sulpice Guillaume Chevalier est dessinateur français, lithographe, illustrateur, peintre, aquafortiste et écrivain.
Il est né le 13 janvier 1804 à Paris d’une famille originaire de Bourgogne. Vers 18 ans, il commence à faire des dessins à l’eau-forte et des sépias.
En 1822, il se rend à Bordeaux, y graver le port, où il y rencontre l’ingénieur en chef du cadastre de Tarbes qui l’embauche ; cela lui permet, jusqu’en 1828 où il retourne à Paris, de parcourir les Pyrénées et d’y peindre à l’aquarelle : portraits, paysages, personnages et costumes folkloriques.
Il envoie une de ses œuvres, pour le salon de 1829, qui représente le cirque de Gavarnie. Suite à une erreur du rédacteur du catalogue, l’œuvre est attribuée à Monsieur Gavarnie ; il en fera son pseudonyme : Paul GAVARNI.
En 1830, Émile de Girardin, fondateur de la revue La Mode, l’engage comme illustrateur. Toujours séduisant et élégant, il commence à être renommé et Balzac, qui lui a consacré un article dans La Mode, lui demande d’illustrer « La peau de chagrin ».
Il collabore aussi à d’autres revues : Musée des familles ; Silhouette ; Artiste ; Caricature et surtout au Charivari de Philippon. Parallèlement il prépare deux recueils de lithographies.
Trois ans après son mariage, en 1847, Gavarni décide de se rendre en Angleterre où il y reçoit des invitations de l’aristocratie et de la Cour mais il préfère vivre en retrait en se consacrant notamment aux mathématiques et en fréquentant les démunis de Saint-Gilles et de White Chapel.
Entre temps, Madame Gavarni, le rejoint à Londres en 1848, et après un séjour de 6 mois, le ramène en France et notamment à Trachaussade, mais l’appel de l’Angleterre est plus fort. Alors, les époux mettent un terme à leur union, chacun ayant la garde d’un enfant quand Gavarni revient sur Paris. Mais leur séparation n’est pas encore définitive puisqu’en 1854, il présente au public un album qu’il a illustré : Illustration des mélodies de Madame Jeanne Gavarni.
De retour à Paris, il réalise 18 séries composées de 329 lithographies pour la revue Paris de Pierre-Charles de Villedeuil en 1852-1853. En outre, il publie 280 pièces dans le quotidien Paris : « les Partageuses ; les Lorettes vieillies ; les Anglais chez eux ; les Parisiens… »
A partir de 1855, il se retire de plus en plus de la vie publique et séjourne à Auteuil. Dans les dix dernières années de son existence, il ne fait plus que des aquarelles.
Un événement douloureux intervient en 1857 : Jean, son fils aîné qui vivait avec lui, meurt après une brève maladie. Désormais, Madame Gavarni et le fils cadet, Pierre, vont vivre entre Paris et Trachaussade où à la Spouze en Creuse.
« Le prolongement du chemin de fer d’Auteuil va amener la disparition d’une propriété devenue presque historique par le nom du célèbre artiste qui l’habite : Gavarni » écrit Jules Lecomte dans Le Monde Illustré du 27 juin 1863. Sa construction se solde donc par l’expropriation de la demeure de Paul Gavarni. Le jardin de cette habitation était exceptionnel. Jules Lecomte le décrit ainsi : « Mouvements de terrains, bassins, rocailles, escaliers, la pierre mêlée à la verdure, il n’avait rien épargné sur le choix et dans la dépense. C’est là qu’il fallait aller pour voir une curieuse collection de ces arbres, dits « arbres verts » […] C’était une création chérie du grand artiste, dont rien ne restera ! Les rails passeront sur l’emplacement de l’atelier même … » Contraint, il déménage alors dans un petit hôtel, avenue de l’Impératrice, aujourd’hui avenue Foch.
En octobre 1866, un malaise le contraint à rester au lit. Un mois plus tard, le 24 novembre, il meurt à l’âge de 62 ans. Il est inhumé auprès de ses parents et de son fils Jean, au cimetière d’Auteuil.
Jeanne Gavarni quant à elle, passe une bonne partie de son existence à Guéret d’abord, à Limoges ensuite et surtout à Trachaussade où elle meurt le 20 mai 1890 à 68 ans. Elle est inhumée au cimetière de Peyrilhac.
Leur fils Pierre manifeste très jeune, comme son père, de réels dons artistiques. Peindre fut d’ailleurs sa passion, tout au long de sa vie. Il meurt à l’âge de 86 ans, en 1932. Il ne vit pas ses dernières années en Limousin, ayant vendu ses propriétés creusoises en 1904 et Trachaussade peu de temps après.
Le cabinet des estampes, à la bibliothèque nationale, a rassemblé un grand nombre de dessins de Gavarni, grâce à un conservateur, Monsieur Lemoine, qui avait épousé la petite fille de l’illustrateur.
Paul Gavarni laisse une œuvre remarquable. Le Catalogue raisonné de l’œuvre de Gavarni publié en 1873 par J. Armelhaut et E. Bocher recense environ 8 000 pièces.
La Ville de Paris lui rend hommage en 1875 en donnant son nom à l’ancienne rue des Artistes, créée en 1835, allant du 12 rue de Passy au 11 rue de la Tour et en érigeant en 1911 son buste sur une colonne décorée d’un Pierrot et d’une lorette, place Saint-Georges dans le IXème arrondissement non loin de la rue Fontaine.